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Produits agroalimentaires importés non conformes

Non conformité des produits agroalimentaires importés

Selon un rapport du Sénat sur l’agriculture française, entre 10 et 25 % des produits agroalimentaires importés ne respecteraient pas les normes minimales sanitaires imposées aux agriculteurs français. Et si la France reste actuellement le premier producteur agricole européen, cette situation pourrait ne pas durer

Que dévoile le rapport ?

Le rapport s’inquiète de la perte de compétitivité de l’agriculture française face à ses voisines et d’une sur-réglementation sanitaire en France qui freine la production et les exportations agricoles françaises tout en encourageant les importations de moindre qualité.


Le rapport révèle une information troublante : une large partie des produits agroalimentaires importés ne respecteraient pas les normes sanitaires du Françaises. Ce serait entre 8 et 12% des denrées importées des pays non européens ne respectent pas les normes européennes de production.

Mais la fraude la plus vaste concerne les produits animaliers : 17 % pour les viandes fraîches de boucherie, 13 % pour les viandes fraîches de volaille, 25 % pour les produits à base de viande, 21 % pour le lait cru ou les produits à base de lait. Les produits biologiques sont eux aussi très concernés par ce type d’abus, avec 17 % des produits contrôlés déclarés non conformes par la DGCCRF.

Le rapport regrette :« Les importations de produits agricoles et alimentaires augmentent, alors que leur respect des normes de production exigées en France n’est pas assuré. Il en résulte une atteinte à la sécurité alimentaire des Français, à la compétitivité économique de l’agriculture et au revenu des agriculteurs ».

« Nous consommons aujourd’hui en France, plus d’un jour par semaine, des produits qui sont uniquement des produits importés dans nos assiettes. (…) Le pire, c’est que dans cette alimentation qui provient d’ailleurs, un quart ne respecte pas les normes que nous imposons aux agriculteurs français », a réagi le sénateur Laurent Duplomb. « Nous n’assurons pas le contrôle nécessaire pour que les produits qui rentrent de l’étranger correspondent à ce que nous demandons aux producteurs français ».

Le sénateur a également ajouté : « les taux de contrôle physique » des marchandises sont « très faibles », entre 3 et 7 %. « En plus de mettre en péril la sécurité sanitaire » des consommateurs, ce phénomène exerce « une concurrence déloyale envers nos producteurs ».

A combien ça s’élève ?

« Chaque année, ce sont entre 5 et 10 milliards d’euros de produits illégaux qui seraient vendus en France et exerceraient une pression à la baisse sur les prix des produits français », souligne le rapport. Aussi, ses auteurs s’inquiètent de la « perte de compétitivité de l’agriculture française ». De fait, « l’excédent commercial agricole français a été divisé par deux en moins de cinq années » note le rapport, et ce alors qu’elle était le troisième exportateur mondial de produits agricoles en 2005.

Comme le mentionne le rapport, la production agricole française repose « avant tout sur les terres et les hommes ». Ce sont deux indicateurs en chute libre. « L’agriculture et l’alimentation représentaient près de 12 % de l’emploi total en 1980 contre 5,5 % aujourd’hui. Un recul qui s’explique également, selon le rapport, par des écarts salariaux entre la France et ses voisins européens. « Le coût horaire français a augmenté de 58 % entre 2000 et 2017, presque deux fois plus rapidement qu’en Allemagne ». Mais aussi par une prédisposition à la « sur-réglementation qui se manifeste en France par des surtranspositions que ne réalisent pas d’autres pays européens ».

Quelles répercutions économiques ?

Dans le même temps, les importations de produits agroalimentaires ont doublé en 20 ans, et l’excédent commercial agricole français a été divisé par deux en moins de cinq années. Alors qu’elle était le troisième principal exportateur mondial de produits agricoles en 2005, la France occupe désormais le sixième rang avec environ 4,5 % de parts de marché. « Avec une perte de près de 2 points de parts de marché en 10 ans, elle affiche le plus fort recul mondial ».

Et pour le consommateur final ?

« Prétendre vouloir sauver l’agriculture française uniquement par la montée en gamme est une illusion » prévient le rapport. « Cela exclut de facto les ménages les moins aisés qui n’auront que le choix de s’approvisionner en produits importés, moins onéreux, mais de moins bonne qualité », ajoutent les sénateurs.

Les sénateurs déplorent enfin que l’État dépense moins de 10 millions d’euros par an pour contrôler à l’importation les denrées alimentaires importées. Ce qui représente « moins d’une semaine de recettes que l’État encaisse au titre de Loto » comparent-ils.