Limitation des nitrates et nitrites dans l’alimentation : une dose contrôlée pour préserver la santé

 

Les nitrates et les nitrites font partie intégrante de notre alimentation quotidienne.

Consciente des effets néfastes de ces substances sur la santé humaine, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié un rapport le 12 juillet 2022, recommandant de réduire l’exposition de la population à ces additifs alimentaires. Cette réduction doit être réalisée de manière maîtrisée afin d’éviter une augmentation des toxi-infections alimentaires.

Les nitrates et les nitrites se retrouvent dans notre alimentation pour différentes raisons. Ils sont naturellement présents dans les sols (cycle de l’azote) et peuvent être renforcés par des pratiques agricoles. Ils se trouvent également dans les ressources en eau et sont utilisés en tant qu’additifs alimentaires (E249, E250, E251, E252) pour leurs propriétés antimicrobiennes, notamment dans les charcuteries et les viandes transformées. Les végétaux peuvent également accumuler ces substances.

En ce qui concerne les nitrates, environ deux tiers de l’exposition proviennent de la consommation de produits végétaux, en particulier de légumes-feuilles tels que les épinards ou la laitue, tandis qu’un quart est lié à l’eau de boisson.

Pour les nitrites, plus de la moitié de l’exposition est due à la consommation de charcuterie en raison des additifs utilisés dans sa préparation.

La consommation de nitrates et de nitrites par le biais des aliments et de l’eau est connue pour favoriser la formation de composés nitrosés, dont certains sont reconnus comme étant cancérigènes et génotoxiques pour l’homme. L’Anses confirme, à la suite de l’analyse des publications scientifiques dans le domaine de la cancérologie depuis les travaux de référence de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) en 2017 et du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 2018, qu’il existe une association entre le risque de cancer colorectal et l’exposition aux nitrites et/ou aux nitrates. D’autres risques de cancer sont également suspectés, mais les données disponibles ne permettent pas encore de conclure à l’existence d’un lien de causalité.

En France, près de 99 % de la population, ne dépasse pas les doses journalières admissibles établies par l’Efsa, toutes sources d’exposition confondues. L’Anses estime que l’ajout intentionnel de nitrites et de nitrates dans l’alimentation doit être réalisé de manière aussi réduite que possible. Des mesures peuvent être prises pour mettre cela en œuvre.

Pour les produits de charcuterie :

l’ajout de nitrates et de nitrites vise principalement à limiter le développement de bactéries responsables de maladies telles que la salmonellose, la listériose ou le botulisme. Selon l’agence, la réduction de l’utilisation de ces substances peut être envisagée à condition de prendre des mesures alternatives pour contrôler le risque de contamination bactérienne.

Cependant, chaque catégorie de produits doit être traitée différemment. Par exemple, pour le jambon cuit, la réduction des nitrites pourrait être accompagnée d’une réduction de la durée de conservation. Pour le jambon sec, il serait nécessaire de contrôler rigoureusement la teneur en sel et la température tout au long des étapes de salage, de repos et d’affinage du produit.

Laurent Guillier, chef de projet scientifique à l’Unité d’évaluation des risques liés aux aliments de l’Anses, explique qu’une diminution est envisageable pour certaines catégories de produits, à condition que des mesures compensatoires soient mises en place. Par exemple, si la réduction est relativement simple à mettre en œuvre pour le jambon sec, cela devient plus compliqué pour le saucisson sec associé à des cas de salmonelle. Les leviers d’action pour les industriels sont difficiles à trouver, et il est nécessaire d’intervenir en amont, dans les élevages.